Pourquoi les pilleurs de l’Afrique eurent intérêt à faire disparaître ses traditions orales ?

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Support écrit de la conférence « De l’importance de nos traditions orales africaines » animée par Natou Pedro Sakombi et organisée à Bruxelles par l’association Kachukwa Hatua – le 27 novembre 2016

Si l’Afrique est une civilisation de l’oralité, il n’en demeure pas moins que l’écriture est née en Afrique . En effet, dès les origines, l’Africain accordera une importance capitale au logos créateur. C’est par la parole, qui sert de continuum à l’héritage ancestrale que tout se créé et prend vie. Elle est sacrée et celui qui en fait usage a la lourde responsabilité de la maintenir vraie et de la transmettre avec fidélité. Et si l’oralité a précédé l’écriture, qui n’a été qu’un moyen de concrétiser ou de matérialiser la parole, que penser de la phrase d’Amadou Hampaté Bâ, fervent défenseur des traditions orales africaines:  « Le fait de n’avoir pas eu d’écriture n’a jamais privé l’ Afrique d’avoir un passé, une histoire et une culture…  » , puisqu’en effet, toutes les preuves sont aujourd’hui réunies pour affirmer que l’Afrique a bien possédé une histoire écrite, et ce, bien avant la découverte de celle-ci par l’Occident? Triste est de constater que les traditions orales africaines se perdent au fil du temps et que ce legs ancestral devient trivial au profit de l’écriture, considéré comme le meilleur outil de conservation du patrimoine historique et social. Mais pourquoi les traditions orales africaines avaient plutôt intérêt à disparaître?

Dans cette étude, nous tenterons donc de comprendre l’importance des traditions orales africaines et pourquoi elles avaient plutôt intérêt à disparaître, alors qu’elles demeurent un héritage historique et sociale considérable, au même titre, voire plus, que les sources écrites.

Les traditions orales sont un ensemble de témoignages de toutes formes sur le passé d’un peuple et qui sont transmis verbalement. Voilà pourquoi l’accent est souvent placé sur le pluriel: on parle donc des traditions orales. Alors que la littérature orale, selon l’Occident, place le conte au sommet de l’oralité, les traditions orales africaines couvrent quant à elles diverses formes qui en font un style d’une richesse incommensurable: les contes ou fables, les mythes, épopées et les généalogies, les proverbes, les devinettes et les énigmes et enfin, les chants.

Les différentes formes de transmission des traditions orales

Les contes ou les fables, qui sont les plus courants, sont des récits d’aventures imaginaires à vocation purement didactique. Leur particularité est d’avoir été créés par le peuple et transmis par lui de génération en génération. Bien souvent, ce sont les anciens qui les racontent aux plus jeunes et la nuit reste le meilleur moment pour conter, car l’imagination et l’esprit sont libérés des tâches et des préoccupations diurnes. Notez que les fables ont la particularité d’être plus courts que les contes, concernent généralement une anecdote et peuvent contenir une note d’humour.

Loral3es mythes possèdent une narration plus longue. Leur particularité est d’être inhérents aux croyances du peuple, de contenir des éléments du monde surnaturel, quand bien même le réel y reste très présent. Contrairement aux légendes, les mythes sont pris très au sérieux et  il n’est pas permis au peuple d’en douter car ils sont du domaine su sacré. Chez les Ewe du Togo par exemple, il n’est pas permis de conter les mythes durant le jour, au risque de se voir frapper d’une malédiction.

Les épopées et les généalogies sont des récits qui racontent les exploits de héros ayant joué un rôle dans l’histoire d’un peuple ou d’une ethnie. Les récits épiques sont souvent caractérisés par l’esthète, d’où leur embellissement volontaire pour glorifier les hauts faits des protagonistes. Les généalogies qui traitent souvent des dynastie chantées par des griots sont des sources historiques très importantes.

Les proverbes, les devinettes et les énigmes  sont des vérités imagées dont les moralités sont souvent dites avant de commencer. On y retrouve un véritable jeu de cache-cache par la parole, en général entre l’ancien qui les présente et les plus jeunes. Ils sont souvent à vocation didactique et sont destinés à pousser l’interlocuteur à la réflexion sur une moralité.

Les chants sont également très importants dans le corpus des traditions orales africaines. Ils accompagnent diverses situations de la vie telles que les cérémonies de mariage, de moisson, de naissance, de décès, de circoncision mais aussi les rituels.  Ce sont surtout les griots qui les interprètent et peuvent de facto être considérés comme de véritables sources de savoir. Ces derniers ont d’ailleurs le privilège d’être introduits dans les cérémonies de rituels où ils  découvrent les secrets enfouis, les sites sacrés, les autels des familles, apprennent les langues des initiés, etc…

Les personnages impliqués dans les traditions orales africaines

Les humains, les animaux, les minéraux, les végétaux, les objets, les figures surnaturelles (monstres, génies) et les personnages allégoriques font tous partie des personnages animés apparaissant  dans les traditions orales africaines. Ce sont des enfants, des sages, des vieillards, des femmes, des sorciers, des rois…

Le phénomène du « conte en miroir » caractérise souvent le jeu des personnages: la comparaison est souvent faite entre deux protagonistes évoluant dans un même contexte mais dont les attitudes sont différentes face à une certaine épreuve. L’interlocuteur est alors invité à choisir le comportement du plus sage, comme c’est le cas dans le conte africain très ancien Anansi l’araignée et la tortue de mer, qui nous rappelle d’ailleurs étrangement la fable du lièvre et de la tortue. Aussi, les animaux dans les traditions orales africaines tendent à revêtir les qualités et les défauts des humains selon leur monde animalier: le lion représentera le chef, un personnage courageux et autoritaire, la tortue représentera souvent une personne honnête, sage, tempérée et patiente, alors que le singe jouera le rôle du malicieux, du fourbe et du taquin, etc…

Les transmetteurs des traditions orales

En Afrique, tous les adultes se doivent de participer à l’éducation des enfants. Néanmoins, les piliers de la transmission du savoir par l’oralité demeurent les parents (du père au fils, de la mère à la fille, de l’oncle au neveu pour les sociétés matrilinéaires, …) mais surtout les grands parents, qui sont, au même titre que les griots, les gardiens des traditions. Le fait que le vieillards soient exempts des tâches ménagères leur offre plus de temps à accorder aux petits enfants avec qui ils ont une relation de complicité et de connivence, car moins sévères que les parents.

oralite4Les griots, qui sont les transmetteurs des traditions orales par excellence, ont un rôle quasi mystique. Ce sont les détenteurs de la mémoire sociale du peuple et les gardiens du savoir. Ils sont les érudits et les intellectuels du peuple et peuvent être considérés comme des « intouchables », forts de la confiance qui leur est accordée.  Ils sont généralement accompagnés de leur instrument (en général la kora).

L’écrivain guinéen Tierno Monenembo dit des griots qu’ils sont les

« Précepteurs des princes, confidents et conseillers des rois, mémentos historiques, encyclopédies vivantes, poètes, sociologues et moralistes, ils sont à l’Afrique ce que les Rabelais, les Dante, les Cervantès, les Diderot et autres la Bruyère sont à l’Europe. »

Les griots ont été évoqués par des auteurs tels qu’Amadou Hampaté Bâ, Senghor, Birago Diop ou Mamby Sidibé, pour leur qualité de transmetteurs des traditions orales, aux côtés des viellards.

Ainsi, dans les Contes d’Amadou Koumba de Birago Diop l’auteur dit avoir redécouvert la tradition orale grâce au griot Amadou Koumba qui est le narrateur de son livre.

Pour L. S. Senghor le griot représente une figure d’authenticité de la culture africaine. Voilà comment il l’introduit  dans un essai fondateur de la négritude, « Comment les lamantins vont boire à la source »:

« Le voilà donc, le Poète d’aujourd’hui, gris par l’hiver dans une grise chambre d’hôtel. Comment ne songerait-il pas au Royaume d’Enfance, à la Terre promise de l’Avenir dans le néant du temps présent ? Comment ne chanterait-il pas la  » négritude debout  » ? Et puisqu’on lui a confisqué ses instruments, que les remplacent tabac, café et papier blanc quadrillé ! Le voilà comme le griot, dans la même tension du ventre et de la gorge, la joie au fond de l’angoisse. «  (Ethiopiques, 1964 : 219).

C’est encore L. S. Senghor qui décrit la relation de l’écrivain au griot, quand ce premier adapte à l’écrit les paroles du second : « Or donc Birago Diop ne prétend pas faire œuvre originale ; il se veut disciple du griot Amadou, fils de Koumba, dont il se contenterait de traduire (….) »

Il est à noter qu’un bon conteur ou un bon griot c’est celui qui a la capacité de manier l’art de la suggestion, de faire naître des êtres et des choses animées dans le mental de son public. C’est là toute la force de l’oralité africaine! Le conteur ou le griot peut à sa guise, et selon le type de publique ou le contexte, apporter sa touche personnelle. Ce qui rend l’oralité malléable, contrairement l’écriture qui reste figée. Certains y verraient d’ailleurs le piège de l’authenticité des sources orales, car comment attribuer du crédit à un récit qui change d’après le peuple ou l’environnement du conteur? Mais pour cette question, on fait confiance au conteur qui a la  responsabilité de ne pas altérer ni la forme du récit ni le message de base, car la parole reste sacrée. Amadou Hampâté Bâ nous dira à ce sujet: 

« ce qui est en cause derrière le témoignage lui-même, c’est bien la valeur de l’homme qui témoigne… Or, c’est dans les sociétés orales que non seulement la fonction de la mémoire est la plus développée, mais que le lien entre l’homme et la parole est le plus fort. Là où l’écrit n’existe pas, l’homme est lié à sa parole, il est engagé par elle. Il est sa parole, et sa parole témoigne de ce qu’il est »

L’importance de nos traditions orales africaines et pourquoi elles tendent à se perdre

Si l’Africain ne réalise pas toujours l’importance de pérenniser ses traditions orales, les Occidentaux en ont pourtant compris la richesse et ont certainement participé de manière volontaire à leur extinction. Certes enrichis par le contact avec notre oralité, la civilisation occidentale échoue pourtant à s’imprégner d’un aspect important des traditions orales africaines: leur côté sacré et mystique. Et ils savent pertinemment bien qu’il s’agit d’un mystère qu’ils ne perceront jamais et une richesse destinée uniquement à l’Africain pour son avancement.

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En effet, lorsque les soi-disant civilisateurs arrivent en terre africaine, ils cernent vite les fonctions pédagogiques, politiques, sociologiques, initiatiques et fantasmatiques des traditions orales africaines. Il s’agissait du meilleur moyen de connaître les populations qu’ils se devaient de conquérir, et dans cette véritable caverne d’Ali Baba que constituait l’oralité africaine, ils puisèrent les plus grandes richesses qui pouvaient assouvir leur curiosité intellectuelle. N’est-ce pas à travers l’oralité que le sage Ogotomeli leur enseigna le savoir astronomique des Dogons? Et d’ailleurs, outre les retranscriptions opérées par les Occidentaux, l’Africain lui-même possède t-il aujourd’hui une conservation écrite et accessible  du savoir des Dogons? Or, le but des traditions orales africaines étaient leur transmission de génération en génération au sein de leur population uniquement. Les étrangers n’avaient pas à percer le mystère du logos africain.

L’autre aspect non-négligeable de l’oralité africaine c’est bien son caractère sacré. Lorsque le savoir est retranscrit, il perd énormément de son côté mythique. Or, il y a des éléments de l’ordre de l’inexplicable et de l’ésotérique qui se transmettent par l’oralité et qui ne peuvent malheureusement être instillés à travers l’écriture. Et l’Africain  doit être conscient que cette oralité s’inscrit dans son ADN et que la chaîne ne doit absolument pas être rompue.

C’est certainement dans ce sens que Thierno Bocar, dont Hampaté Bâ fut le disciple, dira:

« le savoir est une lumière en l’homme. Il est l’héritage de tout ce que les ancêtres ont pu connaître et qu’ils ont transmis en germe, tout comme le baobab est contenu en puissance dans sa graine ».

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Il faut donc que l’Africain réalise que ses traditions orales cachent en réalité les clés de sa renaissance. L’Africain doit réaliser, que suite au chaos qui a pénétré ses terres depuis l’avènement de ses envahisseurs, les traditions orales sont entrées dans un sommeil de plus en plus profond et menant à leur disparition définitive. Mais il n’est pas encore trop tard, et il est primordiale de réanimer l’oralité africaine, car le faire, c’est faire participer les ancêtres longtemps endormis dans des pages inanimées et figées. Ce que les Occidentaux auront cerné mais n’auront pas ressenti, car étrangers à cette chaîne génétique et spirituelle que constitue l’oralité africaine, c’est son caractère sacré.

Et enfin, l’arme que nos détracteurs utilisèrent pour nous détourner de la nécessité de pérenniser nos traditions orales c’est le doute sur l’authenticité des sources. En effet, bien que ces derniers aient été à l’origine des retranscriptions du logos sacré des Africains, ils ont été les mêmes à paradoxalement douter  de leur propre démarche, évoquant des erreurs liés au langage, voire à l’anachronisme.

Qu’à cela ne tienne! Si l’Africain veut réellement accéder à nouveau à sa richesse orale, il se doit de reconsidérer le caractère sacré de son logos originel qui permettra irrévocablement d’éradiquer le doute. C’est seulement de cette manière que l’Africain mettra l’oralité sur le même piédestal que l’écriture et pourra en bénéficier en tout point de vue.

Par Natou Pedro Sakombi: 

https://www.facebook.com/Natou-Pedro-Sakombi-1703163179968105/

 

Sources:

  • Seydou Camara, « La tradition orale en question », Cahiers d’études africaines, 144, 1996, p. 770. (Sur les traditions orales des peuples africains.)
  • Vincent Hecquet, « Littératures orales africaines », Cahiers d’études africaines no 195, 2009, mis en ligne le 22 septembre 2009, consulté le 13 novembre 2016.
  • Moradewun Adejunmobi, « Disruption of orality in the writings of Hampaté Bâ », in Research in African literatures (Bloomington.),2000
  • Dioulde Laya, « La tradition Orale: PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DES SOURCES DE L’HISTOIRE », scribd.com
  • L. S. Senghor, « Ethiopiques », fichedelecture.com

 

Homosexualité et bisexualité en Afrique: héritage de l’Occident?

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Extrait d’une étude menée par Natou Pedro Sakombi et ayant servi comme notes de base à son intervention lors de la soirée « Déconstruire la peur pour construire les ponts  » organisée par Bel Afrika Media, à Bruxelles, le 19 novembre 2016.

A la question « l’homosexualité a t-elle toujours existé en Afrique? », d’aucuns répondront avec virulence « NON », là où certains affirmeront qu’elle a bel et bien existé, comme dans toutes les cultures. Et si la pratique de l’homosexualité fut brutalement et sévèrement punie dans les sociétés occidentales d’antan, notamment avec l’avènement de la suprématie judéo-chrétienne, elle fut néanmoins pratiquée dans ce foyer que l’on reconnait comme le berceau de la civilisation occidentale, en l’occurrence, la Grèce antique. Inutile de préciser que l’homosexualité est de nos jours clairement tolérée dans les sociétés occidentales, et que les protagonistes de cette pratique encore jugée anormale par certains, sont protégés, sous couvert des Droits de l’Homme. Toutefois, dans les sociétés africaines où la sexualité a toujours été de l’ordre du tabou, on assiste aujourd’hui à une éclosion des mœurs sexuelles que l’on attribue d’emblée à l’avènement des Occidentaux, et la tolérance grandissante de l’homosexualité en fait évidemment partie. Et si certains Africains accusent l’Occident de vouloir en tout temps imposer ses idéaux et les généraliser dans toutes les organisations sociétales, la question que l’on pourrait se poser est « l’homosexualité fut-elle autrefois tolérée et institutionnalisée en Afrique? Aussi, il serait incomplet de mener cette étude en faisant fi du caractère matrilinéaire des anciennes sociétés africaines, d’où la nécessité d’évoquer l’homosexualité féminine en Afrique. Il est nulle doute que le matriarcat qui constituait le fondement sociétal de base en Afrique durant plusieurs siècles prévoyait non pas une vision de supériorité du féminin sacré mais établissait un rapport de complémentarité entre l’homme et la femme. Mais alors, l’homosexualité était-elle concevable en tenant compte de cette vérité? Ce sont là toutes les questions que nous tenterons d’élucider à travers cette étude, à la lumière de l’histoire et en toute objectivité.

En préambule du sujet qui nous intéresse, il serait nécessaire d’évoquer la notion d’anachronisme en Histoire qui reste extrêmement importante pour toute personne désireuse d’analyser les us et coutumes d’une société ancienne. Qu’est ce que l’anachronisme? Par définition, il s’agit  d’une erreur de chronologie qui consiste à  placer un concept ou un objet qui n’existait pas encore à l’époque dans une œuvre artistique, littéraire ou historique. Et en effet, nous constatons que consciemment ou inconsciemment nous nous  basons sur notre environnement moderne pour tirer des conclusions sur le passé. Dans le thème de l’homosexualité qui nous intéresse, nous devons donc impérativement avoir l’humilité de reconnaître et surtout d’accepter que notre enquête historique soit parfois anachronique, sans pour autant entacher son caractère scientifique ni mettre en cause son objectivité. L’histoire doit être lue à rebours, et l’anachronisme restera une part inhérente à la démarche heuristique. Nous verrons dans de cette étude, qu’il est absolument impossible de comprendre les sociétés d’antan en les basant sur nos expériences modernes, voilà pourquoi il faudra donc à chaque étape, garder en esprit cette notion cruciale d’anachronisme.

Pour commencer, nous analyserons l’origine de l’homosexualité. Notons néanmoins que le concept ne peut être daté qu’approximativement, car l’origine de l’acte homosexuel, ou de la pratique homosexuelle reste quasi impossible en terme de datation, même si d’aucuns diront que l’homosexualité coïncide forcément avec l’apparition de l’être humain sur terre.

L’historiographie actuelle n’est pas exempte d’une vision purement occidentale et elle place d’ailleurs la naissance de l’homosexualité dans la Grèce antique. Doit-on considérer de ce fait que l’homosexualité en Afrique est une importation de cette forme hellénistique, originelle et institutionnalisée? Une telle acception reviendrait à renier l’existence de l’homosexualité en Afrique avant l’avènement des Occidentaux. Or, nous allons comprendre que les choses sont bien plus complexes que cette grille de lecture quelque peu « terre à terre ». L’Occident a certainement introduit une forme de tolérance à l’homosexualité en Afrique à travers ses idéaux globalistes et mondialistes, mais tout ne peut être attribué à l’Occident dans la pratique dite récente de l’homosexualité en Afrique. Voyons comment l’homosexualité était considérée dans la Grèce antique mais également dans les anciennes sociétés africaines et tentons, à travers la confrontation de ces deux civilisations, d’atteindre une approche plus scientifique et objective sur la question. Notez qu’il est absolument fondamental de situer le phénomène dans le foyer grec antique pour comprendre la société occidentale actuelle et faire ce parallèle avec les sociétés africaines anciennes et actuelles.

La pédérastie, l’homosexualité, le lesbianisme et la bisexualité dans la Grèce antique et dans l’Afrique ancestrale 

La notion de sexualité dans la Grèce antique et dans l’Afrique ancestrale

Dans la sexualité des Grecs de l’époque antique, la notion du dominant/dominé est très présente, et l’on y reconnait cette notion de dualité omniprésente dans le paradigme occidental. En effet, le Grec de l’époque ne conçoit pas la sexualité autrement que par l’opposition de deux forces, l’une plus puissante que l’autre. De plus, la sexualité est une pratique qui ne qualifie pas l’individu, il s’agit d’un acte de jouissance physique, tout simplement, au même titre que d’autres pratiques entraînant un plaisir telles que le sport, l’alimentation, les jeux, etc…On ne détermine donc pas la nécessité ou l’obligation d’une pratique sexuelle entre individus de sexes opposés car c’est d’abord la notion de couple (dualité) et de jouissance qui prime.

Dans l’Afrique ancestrale, la sexualité n’est pas exprimée clairement dans le langage écrit ou même oral. La sexualité appartient au domaine du sacré car elle participe à l’un des éléments les plus importants de la société africaine, la procréation. Et tout comme la vie est sacrée, le sexe masculin et surtout féminin revêtent une caractéristique divine en ce sens qu’ils participent à la création. La notion d’unité des forces opposées est essentielle pour comprendre la sexualité africaine qui ne se conçoit, au départ, qu’avec la participation de l’homme et de la femme, car les êtres  opposés forment une seule entité durant la relation sexuelle. L’acte sexuel se fait à l’abri des regards car il ne concerne que les deux individus, et la notion de jouissance est quasi mystique et sacrée, tout comme la procréation qui en incombe. Percer le mystère de la sexualité entre un couple peut parfois avoir comme conséquence, la malédiction.

La notion d’homosexualité dans la Grèce antique et dans l’Afrique ancestrale

homo2La pédérastie officielle dans la Grèce antique peut être comparée à une forme d’institutionnalisation de l’homosexualité moderne. La pratique, qui  était réservée uniquement à la classe aristocratique, était une initiation entre le maître, l’éraste, et l’élève, l’éromène (obligatoirement un jeune homme pubère, sortant de l’enfance et du gynécée), le second devant s’offrir à son amant, en marque de reconnaissance pour les efforts que le premier consacrait à sa formation. À l’issue de cette période, le garçon était reconduit dans la cité, où l’on fêtait son retour et sa renaissance sociale. Il pouvait donc se marier à une femme, car la procréation était nécessaire pour assurer la pérennité de la cité. Les relations homosexuelles se pratiquaient en marge d’un mariage entre deux personnes de sexes opposés, et on peut donc aisément évoquer la bisexualité des anciens éromènes, mais aussi de leurs maîtres. Aussi, outre la pédérastie officielle, il existait au sein de la société grecque antique des couples homosexuels ou des maîtres ayant des relations homosexuels avec leurs esclaves. Mais rappelons-nous que l’homme n’existe pas par sa sexualité chez les Grecs de l’époque antique, il la pratique. C’est l’acte qui compte, pas l’individu. Ce qui veut dire que dans cette société, il n’y a pas d’homosexuels reconnus comme tel mais il y a des individus qui s’adonnent à des pratiques homosexuelles, ce qui rend d’ailleurs le terme anachronique. Le terme homosexuel naîtra bien plus tard en Occident, à la fin du XIXème siècle avec l’auteur hongrois, Karl Maria Benkert. Dans la Grèce antique, l' »homosexuel » (s’il faut utiliser un terme moderne, mais soulignons-le, anachronique) est donc perçu tel un pratiquant et non comme un citoyen identifié et reconnu officiellement par la société pour cette pratique.

homo14Quand il s’agit d’évoquer l’homosexualité dans l’Afrique ancestrale, l’anachronisme évoqué au début de cette étude se révèle de manière spectaculaire!  En effet, la grille de lecture de la plupart des chercheurs, occidentaux comme africains, est souvent à reconsidérer, faute d’un manque d’objectivité visiblement lié à une analyse anachronique. Prenons le cas des anthropologues, des explorateurs et des missionnaires occidentaux ou encore de certains chercheurs africains (tel que le sociologue Charles Gueboguo) qui ont étudié et écrit sur la question de l’homosexualité en Afrique. Ces derniers considèrent que le simple fait d’avoir observé des cas isolés d’actes homosexuels en Afrique est une preuve que la pratique faisait partie intégrante des sociétés africaines et était donc tolérée. A la lumière de leurs propres expériences sociétales et/ou modernes, les sociétés africaines leur sont apparues comme des sociétés où l’individu avait la liberté de pratiquer sa propre sexualité, voire choisir son orientation sexuelle. Quelle erreur! D’autre part, il existe une certaine communauté intellectuelle africaine qui réfute avec virulence l’existence de pratiques homosexuelles dans l’Afrique ancestrale. Il s’agit là d’une manière absurde d’idéaliser les sociétés africaines anciennes, comme si elles furent parfaites et exemptes de toutes tares. Quelle malhonnêteté scientifique! En effet, si dans toutes les civilisations des mœurs dissonantes ont été relevées, il serait absurde de penser que l’Afrique fut une exception. La question qu’il faut cependant se poser, c’est « comment la pratique de l’homosexualité a été considérée dans les sociétés africaines anciennes? ».

Avant d’évoquer des cas notoires de pratiques homosexuelles en Afrique, analysons la place de la femme dans ce foyer considéré comme le berceau de l’homosexualité, en l’occurrence la Grèce antique, et la place de la femme dans l’Afrique ancestrale

La place de la femme dans la Grèce antique et dans l’Afrique ancestrale

A l’époque antique, la femme grecque possède un rôle peu flatteur: elle ne possède aucun statut civil ni politique, sa place est dans les gynécées, et bien qu’instruite, elle est réduite à un rôle de procréation, de gestion du ménage, d’éducation des filles (les garçons sont éduqués par des précepteurs et quittent le gynécée une fois la puberté atteinte).  Voici d’ailleurs ce que nous en dit le grand Aristote:

« Ce sont les mâles seulement qui sont créés directement par les dieux et à qui l’âme est donnée (…) ce qu’une femme peut espérer au mieux est de devenir homme » (Platon, Timée 90e).

« (…) la relation entre le mâle et la femelle est par nature telle que le mâle est supérieur, la femelle, inférieure, que le mâle dirige et que la femelle est dirigée. » Aristote, Politique ed Loeb Classical Library, 1254 b 10-14.

Nous y voyons donc non seulement cette notion d’infériorité de la femme mais aussi celle du dominé-dominant, qui notons bien, se rapporte également dans les relations homosexuelles homme/homme ou femme/femme chez les Grecs antiques. Retenons que cette notion qui poursuivra la femme occidentale durant des siècles sera aggravée avec l’avènement de la suprématie judéo-chrétienne, et son émancipation sera extrêmement tardive. Toutefois, des sources historiques attestent de l’existence d’une pédérastie féminine dans la Grèce antique. Plutarque l’évoque d’ailleurs clairement dans son oeuvre « Vie de Lycurgue« . Notons que cette pédérastie féminine est mal vue car il n’est pas concevable, pour la femme dont le rôle principal est la procréation, de s’adonner à une pratique qui exclue toute possibilité de naissance.C’était un affront au mâle dominant et un danger pour la pérennité de la cité.

homo6L’une des figures de la pédérastie féminine grecque reste la poétesse Sappho, qui possédait une école de formation de jeunes filles. On la disait homosexuelle, bien que l’histoire nous apprend qu’elle était mariée. Doit-on dans le cas de Sappho parler d’homosexualité ou plutôt de bisexualité? Autre fait à retenir de Sappho, elle aurait été petite, laide et noire. Ovide souligne d’ailleurs cette particularité chez Sappho. Or, il est étonnant de constater qu’au Moyen-Age, à une période où le christianisme s’est pleinement inséré dans les sociétés occidentales et où l’homosexualité est condamnée, Sappho est citée parmi les auteurs grecs retranscrits et revisités avec une emphase sur sa négritude et sa laideur. Et à cette époque où le Noir était attribué au Diable, on ne manquait pas de relever le caractère négroïde de Sappho, là où aujourd’hui encore on doute des origines noires de certains personnages historiques. Est-il étonnant,  qu’au fil du temps, on perçoive en elle l’origine du lesbianisme (par antonomase, car une lesbienne est une habitante de l’île de Lesbos, ) et du saphisme, pratiques considérées comme anormales et diaboliques durant plusieurs siècles? Il y a également à noter qu’en dehors de la pédérastie féminine, les pratiques homosexuelles existaient entre les femmes dans la Grèce antique et étaient extrêmement mal vues, même si elles pouvaient être mentionnées et poétisées par certains auteurs antiques.

Le rôle de la femme dans l’Afrique ancestrale est totalement différente et diamétralement opposé à celui de la femme dans les sociétés grecques antiques et même dans les sociétés occidentales plus tardives. En Afrique, la femme est détentrice de cette capacité a donner la vie dont elle en est la dignitaire et la gardienne. Son rôle est également sacré, voire divinisé.  Les sociétés africaines des époques les plus précoces pratiquent le culte la déesse-mère, c’est dire à quel point l’importance du féminin sacré était réelle. La femme privilégiée par le matriarcat, se voit attribuer les titres de reine, de reine-mère, d’impératrice, de chef des armées, etc…

Cas de pratiques homosexuelles en Afrique

Si certaines pratiques sexuelles hors norme, voire, homosexuelles sont relevées en Afrique, les auteurs modernes de ces analyses échouent à les comprendre, les percevant à travers une loupe anachronique. C’est le cas du sociologue Charles Gueboguo qui affirme que l’homosexualité a été pratiquée en Afrique et qui à travers plusieurs sources tente de démontrer qu’il s’agissait d’un fait sociétal admis et même institutionnalisé d’une certaine manière. Pourtant nous verrons que le sociologue se contredit dans certaines de ses assertions.

Ce que le sociologue camerounais réussit néanmoins à opérer c’est la classification des différents cas d’homosexualité en Afrique: par classe d’âge, dans les rites initiatiques et pour des besoin de compensation de manque de présence féminine.

Pratiques homosexuelle en Afrique par classe d’âge:

Il est vrai qu’en Afrique des actes homosexuels pouvaient être relevés parmi des pré-adolescents dans certaines sociétés, et cela s’explique par le fait que les filles et les garçons étaient séparés. La virginité des filles devant être préservées, elles passaient plus de temps entre elles ou avec les femmes. Logique donc, dans ce cas de figure et à l’âge de la découverte sexuelle puissent apparaître certaines pratiques homosexuelles à travers des jeux érotiques . C’est le cas de ce que l’on connait comme le « gaglo » (jeux érotiques entre garçons) au Bénin. Mais notons qu’ils se pratiquaient loin du regard et les protagonistes pouvaient être sévèrement punis par les adultes lorsqu’ils étaient surpris en flagrant délit, preuve que ces pratiques n’étaient pas du tout considérées comme normales.

Pratiques homosexuelle en Afrique dans les rites:

Dans le cas des rites d’initiation ou de fécondité, il faut également faire attention à l’anachronisme. Lorsqu’une personne ayant évolué dans nos sociétés modernes observe deux femmes adultes s’adonnant, lors d’un rituel secret, à ce qu’elle considère comme des activités homosexuelles tolérées par la hiérarchie du village, elle peut en effet penser à une forme d’homosexualité admise, voire légalisée. Mais la réalité peut être bien plus complexe. En effet, souvent ce type de rituels est lié à une symbolique bien précise et complexe car le domaine de l’ésotérisme africain est extrêmement polysémique. C’est le cas du rite « mevungu » ou « koo »au Cameroun, une cérémonie secrète de célébration du clitoris comme source vitale destinée à favoriser la fécondité, la moisson ou la chasse. Durant ces rites, on pouvait alors observer des femmes se livrer à des attouchements du clitoris ou à son étirement pour imiter le phalus. Un autre exemple, c’est celui du « mwaami », ou « prophète » en Zambie. Le mwaami était donc un prophète qui pour des besoins ésotériques liés au bien-être de la société devaient se travestir en femme mais ne devait en aucun cas coucher avec des femmes. On peut y voir aussi cette importance du féminin sacré à travers la masculinité ou la notion complexe de l’unité sacré entre le féminin et le masculin. La sexualité du mwaami étant uniquement réservé à un rite particulier, il pouvait en effet être pratiqué avec des hommes. Bien entendu, le profane de nos sociétés modernes y verrait la preuve d’une tolérance homosexuelle au sein d’une société africaine, sans saisir le message polysémique et ésotérique qui s’y cache et ignorer qu’au moment où ces rites sexuels étaient établis, l’homosexualité en tant que concept n’existait pas encore.

Pratiques homosexuelle en Afrique pour des raisons de compensation:

Le dernier cas, à savoir celui des compensations d’une absence féminine et masculine est le plus complexe, mais aussi celui que brandissent volontiers ceux qui tiennent à affirmer que l’homosexualité était tolérée et institutionnalisée en Afrique.

Prenons le cas des mariages entre femmes dans certaines cours royales africaines. Nous ne devons pas y voir un cas notoire de lesbianisme puisque non seulement les épouses n’entretenaient aucune relation sexuelle, mais il s’agissait d’assurer une descendance royale lorsqu’un époux royal venait à disparaître ou lorsque l’épouse royale ou la reine devenait trop âgée pour enfanter. On retrouve ce type d’union légale entre femmes chez les Nuer d’Ethiopie, les Yoruba du Nigéria, les Zulu d’Afrique du Sud ou les Nandi du Kenya. Le sexe se pratiquait dans ce cas par personne interposée, car l’épouse principale choisissait l’homme qui donnerait des enfants à son épouse secondaire.

Un autre cas est celui des harems polygamiques. Ce fut le cas chez les Haoussa ou chez les Azande où les activités sexuelles entre coépouses se pratiquaient lorsque l’époux ne pouvait que rarement les satisfaire toutes. Enfermées et surveillées pour éviter qu’elle ne recourent à l’adultère en cas d’appétit sexuel incontrôlables, elles pratiquaient une homosexualité, cachée et taboue, mais connue de tous. Ici encore, les épouses qui étaient surprises en flagrant délit d’acte homosexuel étaient sévèrement punies.

L’on peut mentionner un dernier exemple, observé chez les Akan du royaume d’Ashanti, où les femmes étaient parfois exclues des camps militaires car en tant que gardiennes de la vie, elles devraient être protégées. On acceptait donc que les officiers (uniquement les plus haut gradés) entretiennent des relations homosexuelles avec des jeunes garçons. Mais cette pratique était fermement contrôlée car ces hommes, non seulement pouvaient uniquement prendre des jeunes garçons non mariés, mais devaient également s’acquitter d’une dot auprès de leurs parents. D’ailleurs, ces « unions » étaient provisoires car les jeunes garçons devaient, un certain moment, en sortir pour fonder leur propre foyer en s’unissant à des femmes.

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A la lecture de ces exemples à travers ces trois catégories, on peut en effet comprendre que certains savants, habillés d’une vision de l’homosexualité purement moderne et surtout occidentale, affirment que la pratique de l’homosexualité était existante et admise, voire institutionnalisée en Afrique. Or, il existe à ce jour, aucune preuve démontrant, en dehors de ces trois catégories, que l’homosexualité était une pratique inhérente et légalisée en Afrique. S’il faut même remonter à l’Egypte pharaonique, on constate que les lois de la Maat condamnaient la pédérastie.

L’homosexualité en Afrique a donc bel et bien existé avant l’avènement des Occidentaux, mais elle était soit le cas de faits isolés comme dans toutes les sociétés, soit pratiquée dans des rites spécifiques, complexes, à caractère ésotériques et mystiques, ou alors décidée ou pratiquée de manière fortuite pour des besoins de compensation.

Pour conclure, voici deux citations de Charles Guebogo (sociologue camerounais qui a tenté de prouver que l’homosexualité était tolérée et institutionnalisée en Afrique) qui attestent de la contradiction de sa propre analyse:

Lorsque le sociologue tend à prouver qu’à travers des expressions linguistiques qui qualifient l’existence de l’homosexualité en Afrique, il affirme pourtant qu’à travers elles, on ne peut considérer que les individus les pratiquant étaient reconnus par les dites sociétés africaines comme des homosexuels (anachronisme notoire de la part du sociologue):

« En effet, les langues traduisent seulement les actes avec précision, mais ne disent pas s’il s’en suit une logique identitaire pour les parties prenantes. Même quand il s’agit d’amitié érotique entre personnes de même sexe : aponji, m’uzonj’ame, katumua k’ame, oupanga, il n’est pas précisé s’il y a investissement identitaire à ce niveau. » (source: https://socio-logos.revues.org/37#bodyftn45)

Aussi, le sociologue met en exergue le fait que les pratiques dites « homosexuelles » observées dans certains cadres, dans le cadre des rites par exemple, ne pouvaient se pratiquer en dehors de ce seul cadre. D’où l’inexistence de la notion de tolérance :

« Ces pratiques socio-sexuelles étaient mouvantes et flexibles en fonction des sociétés. Elles pouvaient se transformer au gré des périodes historiques ou alors au gré des spécificités culturelles, géographiques ou climatiques. En dehors de cette période socialement déterminée, toutes pratiques homosexuelles, pouvaient être associées, on l’a vu, à la sorcellerie ou à une pratique irrationnelle. » (source: https://socio-logos.revues.org/37#bodyftn45)

Le rôle de l’Occident

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Et enfin, notons que le rôle de l’Occident qui fut d’imposer minutieusement une forme de tolérance de l’homosexualité en Afrique n’est pas inexistante. Et il entre pleinement dans cette vision de globalisme et de mondialisme qui propose une vision sociétale homogène mais pro-occidentale à outrance. En effet, les Occidentaux qui auraient été les précurseurs de l’homosexualité depuis la Grèce antique (selon leur propre historiographie) l’ont eux-mêmes condamnée depuis l’avènement de la suprématie judéo-chrétienne, incitant plusieurs pays africains, après les indépendances, à copier les législations des anciennes puissances coloniales d’alors. Mais aujourd’hui, lorsque ces mêmes sociétés occidentales tolèrent l’homosexualité, nous constatons que certains états africains embrassent elles-aussi, petit à petit, cette tolérance, et ce, depuis l’introduction du concept de la démocratie, prônant la liberté des choix politiques, religieux ou même sexuels dans les années 90.

Pour conclure, nous dirons que l’homosexualité à bien existé en Afrique à travers des cas isolés dont les plus visibles purent être catégorisés, mais qu’à ce jour, aucun élément ne peut être présenté pour affirmer qu’elle était une norme, qu’elle était tolérée ou même institutionnalisée.

Par Natou Pedro Sakombi

Auteure – Chercheuse Indépendante en Histoire 

https://www.facebook.com/Natou-Pedro-Sakombi-1703163179968105/

Sources ayant servi à la réalisation de cet article:

– GUEBOGUO, C., L’homosexualité en Afrique : sens et variations d’hier à nos jours, socio-logos.revues.org

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