Esclavage moderne ou servitude volontaire de l’Africain

A la lumière des travaux de Léon Tolstoï

tolstoiA l’utilisation du terme « esclavage moderne », certains penseurs recommandent celui d’« esclavage contemporain » afin de ne pas faire d’amalgame avec le pamphlet de l’écrivain russe Lev Nikolaïevitch Tolstoï, plus connu sous le nom de Léon Tolstoï (1828-1910). Or, en tenant compte du fait que la plus grande œuvre de l’auteur, à savoir le roman « Guerre et Paix » ( écrit en 1869) qu’il mettra près de dix années à écrire et qui brosse le portrait historique et réaliste de toutes les classes sociales lors de l’invasion de la Russie par les troupes de Napoléon, en 1812, nous offre une étude complexe de la vie sociale ainsi qu’une analyse pointue de la psychologie humaine occidentale, nous comprenons qu’il est utile que nous nous intéressions de plus près à ses travaux. Car à travers ces derniers, l’auteur russe nous renseigne également sur l’histoire et la violence dans la vie humaine des les sociétés occidentales de son époque, qui prônaient les vertus du capitalisme et du libéralisme dans un paysage industriel naissant. Et en effet, notre intérêt pour les œuvres de Tolstoï se trouve dans sa manière de refléter, à travers ses analyses politiques et sociétales, les projets des états européens pour leurs territoires, mais aussi pour leurs colonies, dont ils souhaitaient extraire les richesses le plus efficacement possible. Et si nous souhaitons réellement comprendre le projet de l’Oligarchie occidentale pour le continent le plus riche du monde qui est l’Afrique à cette période de l’histoire, c’est parce qu’il nous est primordial de cerner les fondements de ses sociétés qui ont eu et continuent à avoir des influences considérables dans les sociétés africaines.

Nous nous intéresseront plus principalement à son ouvrage « Esclavage Moderne », qu’il écrit en 1900, et dans lequel il propose le recours à la non-violence face à la violence organisée des gouvernements (d’ailleurs Gandhi s’inspirera de son idée de « résistance passive »), le détachement de la société civile de l’état, la valorisation du monde rural, une critique de la société industrielle et des effets néfastes du progrès. Il expose l’idée que le capitalisme, libéral ou d’État (socialisme d’État), ne résoudra pas les problèmes des ouvriers et autres travailleurs, qui sont, selon lui, traités au même titre que des esclaves. Ses idées dans « Esclavage Moderne » peuvent être résumées dans cette citation de lui-même : « La cause de la malheureuse condition des ouvriers est l’esclavage. La cause de l’esclavage est l’existence des lois. Or les lois s’appuient sur la violence organisée ».

En effet, Tolstoï voulait libérer l’individu de l’esclavage physique mais aussi mental. En 1856, il va offrir ses terres aux serfs, mais ceux-ci refusent en pensant qu’il va les escroquer. Il se posera donc sans cesse cette question : « Pourquoi, mais pourquoi donc, ne veulent-ils pas la liberté ? ».

Il est très étonnant d’observer de quelle manière les idées de Tolstoï, qui dépeignent la philosophie et la politique occidentale, font écho dans les sociétés africaines modernes. Et afin de dégager ces évidences, nous analyserons, à travers six idées fondamentales qui constituent en partie cette notion d’esclavage moderne dont parle l’écrivain russe, les éléments permettant de créer un parallèle avec les réalités des sociétés africaines actuelles.

  • La religion et la création des classes : parallèle avec l’endoctrinement colonial en Afrique

Tolstoï fait une attaque violente du progrès qu’il considère comme étant la cause majeure de la décadence des sociétés occidentales. Et l’arme par excellence que les états européens utilisent aussi bien sur leurs territoires que dans les colonies, c’ est la religion. Il critique ainsi la chrétienté, qui a, selon lui, posé dès le Moyen Âge l’idée d’une pauvreté nécessaire pour les travailleurs (les serfs) et de la jouissance des autres (les seigneurs). Le progrès est donc une nouvelle religion, au même titre que le catholicisme, qui permet une acceptation de l’ordre social. N’est-ce pas l’endoctrinement, notamment à travers les béatitudes, que les oppresseurs utilisèrent pour manipuler les populations autochtones d’Afrique afin de les réduire en esclavage ou les coloniser ? « Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux ; Heureux les affligés, car ils seront consolés ; Heureux les doux, car ils posséderont la terre ; Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés ; Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ; Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu ; Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ; Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux ; Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte d’infamie à cause de moi. »

  • Critique du socialisme : parallèle avec le socialisme occidental introduit en Afrique

Tolstoï critiquera les idées socialistes de l’époque en faisant une nouvelle comparaison avec le pouvoir de l’Église qui approuve l’idée de la coexistence de deux classes, une inférieure, l’autre supérieure, avec pour motivation l’idée d’un futur meilleur qui passe par la socialisation des moyens de production, servant de justification pour la classe privilégiée. C’est l’acceptation de l’ordre social. Et la science du progrès se charge donc de répondre : les ouvriers et autres travailleurs doivent se regrouper en société de coopération et doivent lutter par des grèves et la participation au pouvoir. Ils doivent faire pression pour obtenir des améliorations.

Or nous constatons que l’idée de deux classes qui se confrontent n’est pas inexistante en Afrique, et prend carrément de l’ampleur durant la période de la colonisation. La nécessité de la création parmi les colonisés d’une classe supérieure dite d’ « évolués » comme ce fut le cas dans le Congo Belge, entrait par exemple dans cette logique. Les indigènes vont peu à peu aspirer à cette nouvelle classe d’élite intellectuelle proche du colonisateur et ne vont pas hésiter à quitter le monde rural au profit du monde urbain, dit « civilisé ». Le Congo ne sera pas une exception, car c’est cette même situation que connaîtront les pays africains colonisés. Forcément, à ceux qui n’auront pas la possibilité d’accéder à cette classe d’intellectuels et qui occuperont des fonctions d’ouvriers et de subalternes dans les colonies, on laissera la possibilité de se constituer en syndicats. Ainsi, l’apparition du syndicalisme en Afrique sera liée aux formes d’exploitation de la force de travail dans les colonies. Entre 1900 et 1946, en l’espace de moins d’un demi-siècle, le système colonial réussira à détruire le système de l’économie domestique avec pour conséquences la dégradation progressive des revenus dans le milieu rural, ainsi que l’accélération, à différents rythmes, des flux et reflux migratoires des travailleurs vers les villes telles que Dakar, Abidjan, Conakry, Bamako, Ouagadougou ou Léopoldville. Les Africains réagissent d’abord aux piètres conditions de travail sur les divers chantiers, dans les plantations et dans les zones urbaines, par des actes individuels, notamment par la désertion. Puis par une riposte de plus en plus collective sur les lieux de travail pour aboutir à un cadre organisé, même si le mouvement social est encore éclaté entre les travailleurs ayant des statuts divers : Européens ou Africains, titulaires, auxiliaires ou journaliers. Aussi, on peut clairement affirmer que les syndicats en Afrique, constituée de 1895 à 1959, sont apparus grâce à la solidarité ouvrière métropolitaine car le mouvement syndical africain s’est développé sous la double pression des organismes internationaux et (surtout) des syndicats métropolitains plus ou moins alliés aux partis politiques. Les syndicats finiront par se révéler être à la fois une force de revendication corporatiste et une force politique engagée dans la lutte pour les indépendances nationales.

Tolstoï caractérise cette doctrine socialiste comme étant un « aveu d’ignorance ». Selon lui, les travailleurs possèdent eux-mêmes des moyens de production mais ils les abandonnent lors de l’exode rural. C’est donc une critique du capitalisme qui pousse les gens à désirer plus qu’ils n’ont, tout en sacrifiant ce qu’ils ont, critique qui apparaît dans l’idée de décroissance, en particulier chez la pensée Taoïste, avec l’œuvre de Lao Tseu, le Tao Tö King. Ainsi, le désir d’avoir plus n’est qu’une aliénation qui détourne de la réalité. On peut y voir aussi un éloge de la simplicité volontaire :

« Car pour le bonheur de leur vie, il importe fort peu qu’ils puissent se payer des fantaisies luxueuses : montres, mouchoirs de soie, tabac, eau-de-vie, viande, bière, mais seulement qu’ils recouvrent enfin la santé, la moralité et surtout la liberté ».

C’est l’amour du loisir et du luxe qui vient donc faire accepter les conditions de travail selon l’auteur russe. Il déplore ensuite la débauche que provoque ce loisir, l’alcoolisme en particulier, qui fait disparaître ce que Tolstoï appelle des « valeurs sûres », qui sont selon lui « la vie de famille, et le travail de la terre, le seul raisonnable ». Cela ne nous rappelle-t-il pas l’abandon des Africains de leurs valeurs pour adopter les valeurs exogènes ?  Tolstoï rejoint ainsi l’idée de Karl Marx sur le déracinement des paysans. D’après lui, le socialisme ne sert que l’intérêt de ce capitalisme, tentant de faire oublier cette « vie simple ». Il critique aussi l’opinion public de l’époque qui véhicule une image positive de l’exode rural. De plus, cette classe dominante serait actrice de cette socialisation promise en qualité de « dessinateurs, de savants, d’artistes », le prolétariat sera toujours dans cette révolution condamné au bas métier dans l’industrie, que la science se chargera de rendre plus agréable, par des améliorations qualitatives de celui-ci mais aussi par la création de nouveaux besoins, les loisirs construits de toutes pièces, qui provoquera l’abandon d’une vie simple et centrée sur le « réel ». Tolstoï se pose donc comme un véritable critique de la pensée progressiste sociale, ne servant selon lui que les intérêts de la société industrielle.

  • Classe intermédiaire, esclave et maître : parallèle avec le « nouveau riche » africain

D’après Tolstoï, le travailleur moderne vit dans de meilleurs conditions physiques que dans le cas du servage, et une classe intermédiaire « à la fois esclaves et maîtres » voit le jour. Il affirme que l’esclavage existe toujours, sans que ses contemporains en aient conscience, de par l’action des intellectuels qui expliquent que la situation des ouvriers est nécessaire, et surtout grâce à l’acceptation historique que le phénomène de l’esclavage est aboli depuis la fin de la traite négrière aux États-Unis. Le concept est alors juste une histoire de définition, l’argent vient supprimer l’ancien modèle de l’esclavage, ou du servage, pour en créer un autre. Il profite pour donner des exemples : l’abolition de l’esclavage en Russie fut fait après que la classe dominante est pris possession de toutes les terres, que l’on céda ensuite aux paysans au prix de lourdes dettes : l’argent vient donc remplacer les anciens liens de servitude. Il cite ensuite l’exemple de l’Allemagne, où une série de réformes visant à imposer les ouvriers se fait après que la grande partie de la population fut privée de biens. Il dira :

« On ne laisse tomber un instrument de servitude que lorsqu’un autre fait déjà son œuvre ».

Si l’on prend le cas de l’Afrique, à la lumière de cette analyse pertinente de Tolstoï, l’ « engagisme », qui fut un mode de recrutement pratiqué entre 1850 et 1930 visant à remplacer les esclaves affranchis par des travailleurs sous contrat, prend tout son sens. Etant donné que le colonisateur a besoin de main-d’œuvre pour ses plantations et ses chantiers, il y fait travailler une population qui a gardé la maîtrise de la terre. Cette dernière peut accéder à une certaine autonomie financière, voire s’offrir les services d’autres travailleurs, il se sent donc lui-même « maître ». Bien évidemment, c’est un leurre, car au grand jamais le colonisateur apprend au colonisé la gestion de postes à responsabilité par exemple, il reste avant tout un travailleur pour la colonie. Et quand l’indigène est en mesure de trouver sa subsistance dans les cultures vivrières sans aller travailler pour le colonisateur, on parle de la « paresse invétérée de l’indigène ».

  • Critique de la loi

Tolstoï émettra également une critique globale sur la notion de droit, qui est selon sa définition une forme d’aliénation : « les savants nous disent que la loi est l’expression de la volonté du peuple ». Pour l’auteur, la loi n’est autre qu’un moyen pour la caste dominante de recourir à la violence en cas de refus de son autorité. Ainsi, la loi permet le maintien de l’ordre social en priorisant la raison du plus fort. Cependant, celle-ci répond à la violence par la violence, et c’est que Tolstoï appelle la « Violence organisée » (la police, la prison… toute institution qui représente l’ordre).

Le cas des mesures juridiques prises en Afrique du Sud pour maintenir l’apartheid illustre bien cette notion de « violence organisée » dont parle Tolstoï. Les prisonniers politiques qui peuplent Robben Island durant cette période en sont les exemples vivants.

  • Critique du gouvernement

L’auteur s’interroge ensuite sur la nécessité d’un gouvernement dont l’existence est en général soutenue par la classe dominante. Cette dernière, forte de sa position confortable dans le système, clame que sans celui-ci « ce sera le chaos, l’anarchie, la perte de tous les résultats de la civilisation, le retour des hommes à la barbarie primitive ». ce qui s’étend par conséquent aux classes prolétariennes. Il tente ensuite une attaque de la vision manichéenne : l’anarchie serait le règne des « méchants » et l’asservissement celui des «bons ». Tolstoï va également noter un élément important : l’usage constant chez les intellectuels de son époque du mot « barbarie », notamment pour évoquer les conditions des basses classes. S’il faut faire un parallèle de cette réalité avec les sociétés africaines modernes, n’a-t-on pas coutume de penser que les « barbares », à l’opposé des « civilisés » sont les gens du petit peuple ? Ceux qui constituent l’élite, les intellectuels, les évolués et leurs enfants ne seront que rarement considérés comme des « barbares ». Ce sont eux, qui en général, ne contestent pas le gouvernement en place et prônent pour un respect total de ce dernier et de ses lois.

Aussi, Tolstoï accuse les gouvernements de son époque de jouer un double-jeu afin de conquérir les nations étrangères et leurs ressources, afin de « faire passer toute la terre aux mains des compagnies, des banquiers, des richards, de tous ceux qui ne travaillent pas ». On peut y voir une critique du patriotisme et du nationalisme. N’est-ce pas là la politique des pays occidentaux à l’égard des pays africains de nos jours ?

  • S’émanciper du gouvernement : la responsabilité de la société civile en Afrique

A son époque, Léon Tolstoï propose la création d’un mouvement autonome, sans l’appui des gouvernements : la population peut donc s’organiser seule, en particulier les communautés paysannes loin du pouvoir centralisé, en se basant sur « la coutume, l’opinion public, le sentiment de la justice et de la solidarité sociale ». Le peuple s’opposerait donc aux riches et aux gouvernements, qui n’ont aucune morale et qui utilisent la violence organisée comme arme, et étendent leur manque de moralité et de sens de la justice vers les classes pauvres qui ne s’uniraient plus, ne posséderaient plus de conscience de classe. Il dira :

« Si les hommes sont raisonnables, leurs rapports doivent être fondés sur la raison et non sur la violence de ceux d’entre eux qui se sont, par rencontre, emparés du pouvoir. »

Nous ne pouvons pas douter de l’efficacité de cette proposition de l’auteur russe, surtout lorsque l’on considère la manière dont la société civile africaine s’est organisée pour faire bouger l’ordre des choses dans ses sociétés, à travers les récents événements de l’actualité africaine.

Et si l’on peut critiquer les changements de gouvernements en Afrique par les faits des coups d’états, nous comprenons pourquoi Tolstoï explique que remplacer un gouvernement par un autre en usant de la violence ne serait que remettre en place une autre dictature. Les solutions proposées par les socialistes, puisqu’elles se basent sur l’utilisation de la violence organisée, ne sont qu’une forme nouvelle de l’esclavage. Mais alors, quelles solutions reste-il ? Tolstoï propose l’idée qu’il faut abolir la violence :

« essayer de détruire la violence par la violence, c’est vouloir éteindre le feu par le feu, inonder un pays pour refluer les eaux d’un fleuve qui déborde, c’est creuser un trou dans le sol pour avoir de la terre afin d’en combler un autre ».

Il fait l’éloge du pacifisme en utilisant l’exemple de la colonisation des Amériques, ou les colons avait un intérêt personnel à marcher contre d’autre d’hommes afin de s’accaparer les richesses pour eux-mêmes alors que la colonisation de l’Afrique se fait contre d’autre hommes mais pour l’intérêt des gouvernements. L’organisation étatique permet donc de déresponsabiliser les hommes, d’organiser une division du travail au sein même de l’organisation sociale. La liberté est donc inaccessible, car l’homme soumis au gouvernement depuis sa naissance, n’a même pas l’idée de ce que pourrait être celle-ci.

En d’autres mots, pour Tolstoï, la solution serait le pouvoir au peuple. Il nous rappelle que la discipline est l’arme des gouvernements. Elle est caractérisée par le patriotisme :

« ce n’est pas sans raison que les empereurs, les rois, les présidents font si grand prix de la discipline, s’effrayent chaque fois qu’elle a été violée, et attachent une importance considérable aux revues, manœuvres, aux parades, aux défilés et à toutes les sottises du même genre »

et par l’éducation, qu’il résume par

«  une éducation pseudo-religieuse et patriotique ».

La seule solution serait de dénoncer ce mensonge officiel, que la haine des peuples n’est dûe qu’au nationalisme, que les gouvernements utilise comme argument pour justifier la défense nationale, ce que Tolstoï appelle plus simplement, la guerre. Nous y voyons ici un appel au panafricanisme comme voie de sortie des états africains.

Et lorsque l’écrivain russe exprime son regret face à l’importance des liens de dépendances entre peuples et gouvernements, nous y voyons logiquement la dépendance du peuple africain aux gouvernements, ces derniers étant eux-mêmes dépendants des états occidentaux.

Natou Pedro Sakombi 

 

Sources:

  • Léon Tolstoï, L’Esclavage moderne, le pas de côté, Vierzon, 2012, 112 pages.
  • 1996 – 2018 Histoire coloniale et postcoloniale,

    Elikia M’Bokolo : « le travail forcé, c’est de l’esclavage », samedi 15 décembre 2007

  • Babacar Fall: « Le mouvement syndical en Afrique occidentale francophone, De la tutelle des centrales métropolitaines à celle des partis nationaux uniques, ou la difficile quête d’une personnalité (1900-1968) »Faculté des Sciences et Technologies de l’Éducation et de la Formation, Université Cheikh Anta Diop de Dakar.

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