Les pièges du féminisme africain et de l’afro-féminisme

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Qu’est ce que le féminisme, l’afro-féminisme et le féminisme africain? Quand apparaissent-ils et pourquoi? Qu’en est-il aujourd’hui?

Le féminisme est premièrement le principe selon lequel les femmes devraient posséder des droits politiques, économiques et sociaux égaux à ceux des hommes, et deuxièmement, l’ensemble des moyens mis en place afin d’obtenir ces droits. Ces droits égaux entendent l’intervention de la femme dans la vie familiale, sociétale, politique, économique, etc… ce qui rend, à première vue, tout à fait louable le féminisme. Or, dans les traditions africaines, la notion de complémentarité homme-femme se trouve à l’opposé de cette notion d’égalité dont se réclament les féministes occidentales. Rappelons d’ailleurs que les premières idées du féminisme occidental étaient purement essentialistes, et souvent opposées diamétralement au constructivisme d’une Simone De Beauvoir, qui disait par exemple, « on ne naît pas femme, on le devient« , là où  une Olympe de Gouge (essentialiste) déclarera, en parlant des femmes, « Ce que la force leur avait ravi, la ruse le leur a rendu »). Les premières féministes n’avançaient donc pas l’idée d’une égalité totale entre les deux sexes. Aussi, on verra dans cette étude que le féminisme africain, qui voit le jour avant l’afro-féminisme, coïncide avec la naissance du panafricanisme. Or, l’on sait que le panafricanisme remet au centre les valeurs africaines et la rupture avec la domination occidentale.

A la lumière de ces éléments, non seulement nous pouvons entrevoir une incohérence claire dans les idéaux défendus par les féministes africaines  et les afro-féministes d’aujourd’hui, mais également douter du bien fait du féminisme africain ou de l’afro-féminisme sur la mentalité de la femme africaine moderne, encore en pleine quête identitaire.

Origine de l’afro-féminisme et du féminisme africain:

On pourrait résumer l’afro-féminisme, de manière assez simpliste mais cohérente, comme un courant né pour répondre aux besoins des femmes afro-américaines. D’ailleurs, l’afro-féminisme tardera à apparaître dans la diaspora francophone  où l’on situe son avènement dans les années 90.

Le féminisme africain quant à lui verra le jour de manière plus précoce dans les sociétés africaines coloniales parmi les femmes qui accusaient le paternalisme et le patriarcat abusif introduit dans les sociétés africaines par le colonialisme. Et en effet, dans beaucoup de ces sociétés africaines dans lesquelles naissaient les premières vagues du « féminisme africain », le matriarcat avait été supprimé par l’institution coloniale pour laisser place à un patriarcat radical. Au départ, pour ces féministes africaines de la première heure, il ne s’agissait pas encore d’opter pour un discours « contre l’homme » mais contre l’oppression du système colon face aux femmes. Et on constate même que que ces contestations féministes africaines apparaissent avec la naissance du panafricanisme, dans le sens ou ce courant répondait lui-même, au départ, aux méfaits et à la violence de la domination occidentale. Mais ce qui demeure paradoxale et qui va sans doute introduire cette idée d’une opposition à l’homme noir, c’est que les leaders panafricanistes du début du 20ème siècle, en privant les femmes du droit d’être représentée équitablement dans les meetings panafricains, appliqueront eux aussi la démarche paternaliste des oppresseurs. L’exception naîtra avec les femmes afro-américaines ou caribéennes comme Amy Ashwood ou Pulchérie Pierre, qui participeront  à certains rassemblements panafricains. Amy Ashwood, ex-femme de Marcus Garvey, dénoncera d’ailleurs le manque de représentation féminine dans les Congrès panafricains.

Le féminisme africain naîtra auprès des femmes africaines d’Afrique qui peineront à trouver leur place dans le nouveau paysage des états africains indépendants, où, très peu (sauf des militantes des Partis Uniques africains) parmi elles occuperont des postes à responsabilité. Mais le discours contre l’homme africain n’apparaitra qu’au courant des années 80, stimulée par la « Décennie des Nations unies pour les femmes » (1976-1985).

On constate aussi que le féminisme qui touche la femme noire est beaucoup plus précoce dans les diaspora anglophones et en Afrique anglophone car dans leurs universités les les « Women Studies » y sont déjà enseignés depuis plusieurs décennies, ce qui n’est pas le cas en Europe francophone ou en Afrique (d’après Fatou Sow, sociologue sénégalaise, féministe et spécialiste du genre).

Dans la disapora francophone, la « Décennie des Nations » décrétée par les Nations Unies et la montée de l’immigration sont les deux éléments principaux qui expliquent la prolifération des organisations féministes parmi les minorités, qui bien souvent, avec l’aide des médias, vont calquer leur démarche à celle des afro-américaines, les Black Feminists. C’est ainsi que sera créé l’Afro-féminisme.

Les premières féministes africaines vont donc dans un premier temps dénoncer le paternalisme ou le patriarcat occidental né dans le paysage colonial. Par contre, l’Afro-féminisme né dans le paysage diasporique francophone dénonce non seulement l’inégalité entre l’homme et la femme, le racisme dirigé contre la femme noire mais également le poids des traditions et coutumes africaines qui musellent et amoindrissent la femme. C’est ainsi que les « afro-fems » des années 90′ vont réagir non seulement contre les discriminations raciales dont elles sont victimes dans divers terrains de la société (monde du travail, médias,…) mais aussi contre les traditions africaines importées dans la diaspora telles que l’excision, la polygamie, le mariage forcé, etc… Voilà pourquoi il est question d’intersectionnalisme quand on évoque le combat des afro-féministes.

Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, ces dénonciations de certains aspects des traditions africaines qui pénalisent les femmes ( parfois à juste titre, reconnaissons-le) ne ne devraient-elles pas plutôt nous pousser à rediscuter nos us et coutumes? Car finalement, aucune société ne reste immuable, chaque société doit connaître son évolution. Partant de ce constat, ne serait-il pas plus pertinent de revoir la place de la femme dans nos sociétés traditionnelles? Il y a certainement des éléments positifs à récupérer dans tout ce qui valorisait la femme durant ces temps anciens (car les  pionnières du féminisme africain accusaient clairement une nostalgie de l’époque pré-coloniale où la femme était au centre des décisions), au lieu de s’agripper à une idéologie qui finalement place l’homme au centre de ses problématiques.

Le féminisme africain et l’afro-féminisme: un danger pour la femme africaine moderne?

Quelles étaient les préoccupations et le combat des femmes africaines d’avant l’esclavage et la colonisation, et comment se considèrent-elles depuis les années 1950, à savoir cette époque où les Occidentaux inventèrent le féminisme, un concept répondant, en réalité, à leur propre environnement  socio-culturel  et finalement très éloigné des idéaux des sociétés africaines?

Dans le paradigme africain et dans les anciennes sociétés africaines, la femme a toujours occupé une place prépondérante. Forte de cette considération, ses revendications, lorsque sa condition était fragilisée, ont toujours positivement fait écho auprès des hommes. Or, depuis quelques décennies, le « réactionnisme féminin » dans les sociétés africaines a été, de manière erronée, associé à ce que l’ Occident  a qualifié de « lutte pour les droits de la femme ».  Cette notion ne tardera pas à donner naissance à ce que l’on va qualifier de féminisme africain ou d’afro-féminisme. Toutefois, ce qu’oublient les défenseurs de cette idéologie, et qui souvent clament que le féminisme a toujours existé en Afrique, c’est que le « réactionnisme féminin » en Afrique n’a jamais exclu l’apport de l’homme, car sa participation tant sur le plan social, biologique ou spirituel a toujours été considéré comme nécessaire à l’équilibre sociétal. Dès les origines, dans le paradigme africain, l’homme est inscrit dans un rapport de complémentarité à la femme. Ainsi, et pour reprendre les lois de la Maat, l’individualisme est perçu comme un sacrilège.

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Le féminisme occidental, qui consiste en la lutte de la femme pour la justice et l’égalité en tout point de vue, naît par nécessité dans un monde dominé par les hommes. Le féminisme, ce néologisme qui même d’un point de vue lexical trahit une conception inhumaine et totalement à l’opposé de la réalité africaine, émerge au sein des mouvements réactionnaire des femmes eurocentriques dans les années 50. Le concept tend à placer l’accent sur l’individualisme, et le contrôle des naissances, alors que les sociétés africaines tiennent sur le socle de la communauté, de la famille et des naissances. Le féminisme va donc plutôt prôner des valeurs qui rompent avec l’unité familiale et n’encouragent en aucun cas la procréation. Si  la philosophie africaine prône la complémentarité homme/femme,  l’égalité féministe sous entend que «ce que les hommes peuvent faire, les femmes peuvent le faire aussi ».

En réalité, cette vision occidentale du monde n’est autre que celle de la dualité du monde, renforcée par l’évolution et la montée du capitalisme (la montée du féminisme s’observe avec l’avènement de l’industrialisation et le besoin pour les femmes d’entrer dans le monde du travail). En effet, dans cette quête de l’égalité des sexes, le féminisme cherche à insuffler à la société africaine le concept du bien et du mal, excluant la possibilité d’une idée intermédiaire. Or, l’homme n’est pas le diable et la femme un ange, ou vice-versa, car les deux possèdent des attributs positifs comme négatifs. C’est en ce sens que la vision africaine se conçoit dans la complémentarité des deux sexes, dans une recherche d’équilibre et d’harmonie. On ne parlera donc pas de « sexes opposés » dans le paradigme africain. D’autre part, l’eurocentrisme qui donne naissance au féminisme, n’a jamais prôné l’association de la spiritualité et de l’harmonie biologique comme dans les sociétés originelles africaines .

Aussi,  avec l’évolution des tendances économiques et sociales,  puisque les femmes occidentales ont été obligées de jouer un rôle plus actif dans l’économie,  le féminisme occidental s’appuiera sur des raisons économiques pour inciter au contrôle de la reproduction et à la liberté sexuelle. La femme est maîtresse de son corps, elle peut contrôler la nature et même aller à contre-courant pour la défier. La  femme peut se passer de l’homme en tout et pour tout. C’est cela l’individualisme occidental.

Par ailleurs, la question même de «l’égalité des droits» selon l’Occident qui tend à s’insérer dans la société africaine devrait être attentivement examinée. N’oublions pas qu’à une époque où en Occident, certains rôles étaient exclusivement réservés aux hommes (leur présence dans l’armée par exemple), ils étaient partagés entre les hommes et les femmes en Afrique. Voilà pourquoi, aujourd’hui, si nous pouvons être d’accord sur certains points communs dans la lutte pour l’autonomisation des femmes, nous devons aussi réaliser que dans un monde ethnique et culturel diversifié, les réalités des femmes en Occident ne peuvent être transplantées dans les réalités des femmes africaines, ou même des femmes de l’ Asie ou du Moyen-Orient.

Quand la misandrie généralisée des féministes s’oppose à l’idée d’harmonie africaine

Le point commun entre toutes les féministes du monde (car il n’existe pas qu’un seul féminisme, mais des féminismes) c’est le refus du privilège masculin. En effet, même si beaucoup d’hommes aujourd’hui se revendiquent féministes, on ne saurait extraire le caractère misandre du féminisme. Et c’est sur cet aspect que le bas blesse quand il s’agit du féminisme africain ou de l’afro-féminisme. Pourquoi?

Parce que la quête de l’harmonie et de la justice a toujours été un thème central au sein des anciennes sociétés africaines. Or, le féminisme occidental nous présente, dans une logique dualiste où le concept de l’animalité a toujours été mis en avant, deux communautés mâles et femelles vivant à l’intérieur d’une même société. Cette opposition ne peut qu’engendrer cette violence que nous constatons dans les sociétés occidentales actuelles, née entre autres d’un déséquilibre entre les sexes et du paternalisme, voire du patriarcat, qui régit les sociétés occidentales depuis toujours, émettant l’idée que la femme est du sexe faible. De surcroît, la femme occidentale, en réaction à une société dont l’évolution économique et sociale la pousse à occuper les mêmes places et à jouer les mêmes rôles que les hommes, a donc fini par créer le féminisme. Et puisque les eurocentristes ne cesseront jamais de s’introduire dans les sociétés du monde par divers moyens, les voilà qui exportent sournoisement le féminisme dans l’esprit des Africains, lui donnant une nouvelle appellation, le féminisme africain ou l’afro-féminisme. Une idéologie menaçante, à suivre attentivement…

Pour conclure, est ce que la solution ne serait pas un retour à des idéaux qui redonnent à la femme africaine cette place sacrée qu’elle occupait dans les sociétés d’antan? Ses sociétés dans lesquelles il ne lui était pas nécessaire de quémander des droits ou une égalité avec l’homme? On pourrait même aller plus loin en disant que la femme africaine moderne aurait tout à gagner en ayant recours à une vision ancienne de sa place dans la société plutôt qu’en embrassant le féminisme africain ou l’afro-féminisme. Il existe pourtant des alternatives à ces courants exogènes à l’Afrique. C’est le cas du « maternisme » (en anglais « motherism ») qui propose de réhabiliter la place de choix que possédait la femme africaine dans les sociétés pré-esclavagistes et pré-coloniales. Le motherism ou le maternalisme, qui est donc une alternative au féminisme, a été pensé par Catherine Acholonu, grand penseur et spécialiste de la question des genres, auteure de l’ouvrage « Motherism, The Afrocentric Alternative to Feminism, 1995 ».

 

Par Natou Pedro Sakombi: 

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Saartje Bartman: les raisons secrètes et inavouées de son instrumentalisation

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L’histoire  de la Vénus Hottentote (surnommée de cette manière en connaissance de cause d’ailleurs), constitue une preuve supplémentaire de la manière dont la haine raciale fut instrumentalisée par les faussaires de l’histoire, dont le but est souvent de détourner l’intellect collectif des vérités anciennes et universelles. N’est-il pas déconcertant de considérer que l’anatomie hors du commun de Saartje Bartman, qui attisa non seulement la curiosité des scientifiques mais aussi des âmes les plus perverses au 19ème siècle, ne soit pourtant pas éloignée des représentations féminines de la « vielle Europe »? Ils attribuèrent l’anatomie atypique de Saartje Bartman, surnommée la Venus noire ou Hottentote, à la race noire principalement; mais qu’ont-ils fait des statuettes et des silhouettes stéatopyges symbolisant la femme, la vie, la mère de l’humanité, la Terre-Mère ou encore la Déesse-Mère, retrouvées en Europe à la période du paléolithique (des représentations féminines rappelant étrangement la corpulence et l’anatomie de Saartje) ? Était-ce préférable d’occulter la véritable origine raciale des premiers Européens en faisant diversion et en pointant du doigt la difformité du Noir, être prétendument inférieur? Je vous invite à découvrir de quelle manière le rôle divin de la femme originelle fut reniée et détournée par pure malhonnêteté scientifique. Car en effet, derrière ce qui nous apparaît comme un acte ouvertement raciste et suprématiste, se cache une démarche bien plus profonde, voire ésotériquement destructrice.

Il existe un culte adopté par plusieurs cultures, c’est le culte de la Terre-Mère ou de la Déesse-Mère. Cette divinisation de la terre qui remonte aussi loin que le paléolithique nous apprend énormément sur les panthéons de différentes civilisations. Ainsi, même dans les panthéons et les cultes religieux indo-européens, pourtant marqués par une masculinité et un paternalisme permanents, la figure divine de la Terre-Mère est présente. Et dans sa thèse kourgane, l’archéologue Marija Gimbutas évoque d’ailleurs un renversement sociétal, un abandon du système matriarcal de la vielle Europe au profit du patriarcat de nouveaux envahisseurs. Bien que cette hypothèse soit discutée, il existe plusieurs représentations de la Déesse-Mère à travers les cultures païennes d’Europe, attestant l’emprunt de cette notion aux peuples primitifs.  Certaines vont du paléolithique à l’âge du fer.

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Statuette du 6ème millénaire avant J-C découverte en Anatolie

Parmi les éléments récurrents et communs adoptés par ces différentes cultures il y a le fait que la nature se fonde sur un cycle infini de naissance, de mort et de renaissance, révélant aussi bien le triple aspect de la Déesse que ses contraires, qui sont la mort et la renaissance, la création et la destruction. Des similitudes existent également quant à la manière dont la Déesse-Mère est représentée un peu partout. Ainsi, la nudité et la protubérance de la poitrine et du bassin sont les éléments les plus communs et soulignent sa fécondité et son pouvoir d’engendrer et de maintenir la vie. N’est-ce donc pas étonnant que malgré la découverte de ces statuettes paléolithiques révélant une parfaite stéatopygie l’on arrive à faire de Saartje Baartman une bête de foire ? Où est donc passé cet aspect sacré du Culte de la Déesse-Mère des vielles sociétés indo-européennes ?

Médecins et scientifiques eurocentrés du début du 19ème siècle présentent différentes théories pour expliquer cette anatomie hors du commun chez Sawtche (nom authentique de Saartje). Il est clair, selon eux, que Saartje est la preuve irréfutable de l’infériorité de la race noire. Elle est victime d’une déformation physique typique chez les gens de couleur et sa maladie porte un nom: la stéatopygie.  Ses organes sexuels étant considérés comme anormalement développés, on la dit atteinte de macronymphie (or, il s’agit là d’une caractéristique que l’on ne retrouve pas seulement chez les femmes de race noire).

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Sawtche, est née en 1789 au Cap Oriental, en Afrique du Sud. Son père est de la tribu des Khoikhoi  (ou Khoisan) et sa mère vient de la tribu des Bochimans, les plus anciennes de l’Afrique du Sud. Les femmes de ces tribus  sont connues pour avoir le teint clair et les hanches développées à outrance. Chez les Khoikhoi, il s’agit même d’un signe de beauté. Les Khoikhoi et les Bochimans occupent l’Afrique australe depuis une trentaine de milliers d’années et sont les auteurs de remarquables gravures et peintures rupestres très proches de celles retrouvées en Europe.

venus-willendorf-autres-venus-prehist-688poTrois exemples de vénus similaires à celles représentées par les Khoikhoi au paléolithique ont été retrouvées en Europe au début du 20ème siècle, telles que la Vénus de Lespugue, la Dame de Brassempuy (découvertes en France) et la Vénus de Willendorf (découverte en Autriche). Elles sont d’ailleurs considérées comme les premières représentations de formes humaines (et non les premiers singes ou animaux) fabriquées ou dessinées par les premiers humains à avoir peuplé la terre. Et d’après les nombreuses études que les anthropologues ont pu mener, ces représentations de femmes avaient des caractéristiques similaires: une cambrure extrêmement prononcée, une protubérance des hanches et des fesses, des seins très volumineux, …

Pour en revenir à notre Déesse-Mère,  notons que la notion de naissance était un élément central. Ainsi, elle est parfois représentée en train d’accoucher ou encore tenant un enfant dans les bras. Or, à l’origine, l’enfant possède une caractéristique divine, c’est l’Enfant-Dieu, symbolisant lui aussi le pouvoir de donner la vie, une symbolique qui fut malheureusement déformée, et corrompue par les Judéo-Chrétiens avec la vierge Marie portant l’enfant Jésus.

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Représentation de la Déesse Mari (par Josu Gonu)

D’après l’analyse des vestiges du paléolithique supérieur, une reconnaissance particulière était attribuée à la femme, surtout dans ses périodes de grossesse où elle revêtait certainement un caractère magique. Toutefois, la Terre-Mère est aussi représentée et vénérée dans son aspect destructif. Dans les cultes hindous, qui tirent leurs sources dans les traditions indo-aryennes mais surtout du paléolithique, l’épouse du Dieu Shiva est la Déesse Parvati. Son nom mot se traduit par «la montagne», élément la reliant directement à la terre. Elle rappelle étrangement la Déesse Mari de la mythologie basque, qui plonge carrément ses racines au plus loin dans le passé européen, qui est clairement apparentée avec la figure divine de la Déesse-Mère, héritée du paléolithique et dont le nom est en général associé à celui d’une montagne ou d’une grotte.

Parvati avait plusieurs aspects. On l’appelait : la Gracieuse (Uma), la Mère (Ambika), la Bonne Épouse (Sati), la Brillante (Sauri), l’Inaccessible (Durga), la Noire (Kali, mot qui symbolise la couleur de la terre), l’Effrayante (Bhairavi). Dans la tradition païenne des Celtes, les Déesses Morrigan, Macha ou Régani remplissent un rôle similaire. Lorsqu’elle se présente sous son aspect destructif, la déesse-Mère revêt souvent l’aspect d’un félin. Dans la tradition païenne des peuples germano-nordiques, les aspects fondamentaux de la Terre-Mère se retrouvent chez les Déesses Nerthus, Jörd, Fjörgyn, et Gerd, alors que d’autres aspects se retrouvent chez les Déesses Frigga, Freya, Idunn, etc…

Notons que le culte de la Terre-Mère ou la Déesse-Mère n’exclue jamais des divinités masculines, preuve de l’absence d’une supériorité face à l’homme. Au contraire, la notion de complémentarité entre l’homme et la femme  semble bien présente. Le  matriarcat tel que nous le concevons aujourd’hui ne pouvait donc pas relever d’un rapport de force au paléolithique.  C’est d’ailleurs dans cette idée que naît, dans l’équilibre des forces, masculin et féminin, jour et nuit, ciel et terre.

Que penser alors de cette humiliation que les faussaires de l’histoire firent subir à Saartje? Considérons cette incohérence scientifique comme le début d’une étude que nous nous attellerons à mettre sur pied. Notre tâche consistera à défaire ces démarches éclipsant le rôle prépondérant de l’homme et de la femme noire dans l’histoire… car il y a dans le racisme scientifique un je ne sais quoi d’ésotérique, et c’est essentiel de le cerner, histoire d’y croire…

Par Natou Pedro Sakombi: https://www.facebook.com/Natou-Pedro-Sakombi-1703163179968105/

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